Les marchés immobiliers de la province font preuve de résilience en plein conflit tarifaire avec les États-Unis

Alors que l’on aurait pu anticiper un ralentissement prononcé des transactions devant l’anxiété créée par le climat géopolitique incertain, le marché résidentiel québécois a fait preuve d’une résilience étonnante au premier trimestre de l’année. Malgré quelques hésitations perceptibles de certains acheteurs sur le terrain, celles-ci ne se sont pas traduites en baisse significative des ventes ou des prix.

Tour d’horizon des cinq principaux marchés urbains du Québec.

Selon les plus récents résultats de l’Étude sur le prix des maisons et les prévisions du marché de Royal LePageMD publiés aujourd’hui, le marché immobilier du Québec a amorcé l’année 2025 avec une vigueur remarquable, tranchant nettement avec le recul des prix observé ailleurs au pays. En fait, la totalité des marchés québécois examinés ont affiché une hausse des prix d’une année sur l’autre au cours des trois premiers mois de l’année, alors que plusieurs régions du Grand Toronto et du Grand Vancouver ont essuyé des déclins des prix.

Lors du premier trimestre de 2025, le prix médian pondéré1 d’une propriété dans la province a augmenté de 7,6 % par rapport à la même période en 2024 pour atteindre 598 300 $, représentant une augmentation de 1,7 % sur une base trimestrielle. Lorsque ventilé par type de propriété, le prix médian d’une maison unifamiliale détachée dans la province a augmenté de 8,7 % d’une année sur l’autre pour atteindre 659 600 $. Au chapitre de la copropriété, le prix médian a enregistré une hausse de 6,3 % d’une année sur l’autre pour atteindre 474 700 $, soit une augmentation de 2,1 % d’un trimestre sur l’autre. 

« Dans un contexte aussi incertain, la vigueur du marché québécois témoigne de la solidité de ses bases économiques et de la résilience des consommateurs. Bien que nous ayons observé une certaine prudence chez les ménages, la demande est demeurée forte au premier trimestre, comme en témoigne la hausse des prix importante dans une majorité de marchés de la province », a déclaré Dominic St-Pierre, vice-président exécutif, développement des affaires, Royal LePage. 

Le marché immobilier québécois tire son épingle du jeu, malgré l’incertitude ambiante

Une hypothèse peut expliquer en partie la raison pour laquelle le marché immobilier québécois se montre si résilient à l’heure actuelle.

Selon un nouveau sondage de Royal LePage, mené par Burson,2 65 % des Québécois se disent confiants envers l’économie du pays aujourd’hui, soit la plus grande proportion de toutes les provinces canadiennes, incluant 8 % qui sont très confiants. En revanche, 26 % des répondants québécois affirment ne pas être confiants vis-à-vis de l’économie canadienne.

« Les Québécois sont souvent plus optimistes vis-à-vis de l’économie par rapport au reste du Canada », illustre M. St-Pierre. « D’une part, notre marché immobilier est historiquement moins sujet à de grandes fluctuations étant donné la stabilité relative de son immigration et de son flux migratoire interprovincial. Le Québec est moins exposé aux mouvements brusques qui peuvent amplifier les cycles de ralentissement ou d’effervescence dans d’autres grandes provinces. Cela contribue à une perception plus sereine du marché, même en période d’incertitude. »

Parmi les Québécois qui souhaitent acheter une propriété cette année, la moitié (48 %) ont choisi de repousser leur projet en raison du conflit commercial persistant avec les États-Unis, ce qui est en phase avec la tendance nationale (49 %). 

Un autre élément fondamental a par ailleurs stimulé la demande entre janvier et mars. 

En dépit de l’incertitude économique et politique, les deux dernières réductions consécutives du taux directeur par la Banque du Canada ont ramené de nombreux acheteurs précédemment écartés sur le marché. Depuis le début de l’année, nous avons constaté que la demande renouvelée des acheteurs a exercé une pression sur les prix, l’offre restant faible dans toute la province. 

« Les baisses de janvier et de mars ont agi comme un catalyseur pour plusieurs acheteurs qui avaient temporairement quitté le marché en raison des taux élevés. Malgré l’incertitude ambiante, cette nouvelle baisse semble avoir suffi à rouvrir l’accès à la propriété pour certains et à relancer l’intérêt pour d’autres, contribuant ainsi à maintenir une demande soutenue au premier trimestre », a déclaré M. St-Pierre.

Performance solide des marchés régionaux ce trimestre

Pour un quatrième trimestre consécutif, le marché de Québec a affiché le taux d’appréciation le plus élevé à l’échelle nationale et provinciale, le prix de l’agrégat dans la région augmentant de 17,0 % d’une année sur l’autre au premier trimestre de 2025 pour atteindre 429 200 $. 

Selon Michèle Fournier, vice-présidente et courtier immobilier chez Royal LePage Inter-Québec, « Le marché a connu un excellent départ en 2025. Nous avons ressenti quelques soubresauts ponctuels en mars, mais la demande reste largement supérieure à l’offre, ce qui soutient les prix dans tous les segments. Toutefois, l’environnement de financement devient plus exigeant pour certains acheteurs. Plusieurs banques revoient actuellement leurs pratiques en matière d’évaluation. Dans certains cas, les prix convenus lors de l’offre d’achat dépassent la valeur estimée par l’institution prêteuse, ce qui crée un écart entre le prix d’achat et le montant effectivement financé. Cela complique certaines transactions, notamment dans les situations de surenchère. Les institutions semblent vouloir freiner la surévaluation observée dans certains secteurs de la ville. »

Dans la région du Grand Montréal, la hausse des prix s’est faite plus doucement, le prix de l’agrégat augmentant de 7,9 % d’une année sur l’autre au premier trimestre de 2025 pour atteindre 625 000 $.

« La question tarifaire pèse plus lourd ces jours-ci que les baisses de taux d’intérêt. Même avant leur application, ces mesures ont généré beaucoup d’anxiété chez les ménages », indique Marc Lefrançois, courtier immobilier, chez Royal LePage Tendance. «Toutefois, comme la grande région de Montréal est de façon générale moins exposée au secteur industriel, la perception du risque s’en trouve atténuée, de sorte qu’il est plutôt rare que les acheteurs reportent leur projet à cause d’un enjeu géopolitique », nuance-t-il. 

Malgré les nuages à l’horizon, la demande reste bien présente dans la métropole, notamment en raison de la rareté persistante des propriétés à vendre. « Tant que l’offre restera aussi limitée, cette pression continuera de soutenir les prix, même dans un contexte plus difficile », précise M. Lefrançois.

Ailleurs dans la province, l’appréciation des prix ce trimestre varie. À Gatineau, le prix de l’agrégat s’est accru modérément de 4,3 % d’une année sur l’autre pour atteindre 457 600 $, tandis qu’il a bondi de 11,9 % à Trois-Rivières et de 7,8 % à Sherbrooke au cours de la même période pour atteindre respectivement 379 600 $ et 395 500 $.

Prévisions 2025

Malgré l’incertitude économique persistante, Royal LePage maintient ses prévisions pour le marché résidentiel québécois en 2025. En décembre dernier, l’entreprise anticipait une hausse de 7,0 % du prix de l’agrégat d’une propriété dans la province d’ici le quatrième trimestre, pour atteindre 629 588 $. Cette projection repose sur l’hypothèse selon laquelle l’essentiel de l’activité se concentrera dans la première moitié de l’année. Royal LePage estime que la combinaison d’une demande supérieure à l’offre et d’un environnement de taux d’intérêt plus favorable continuera d’exercer une pression haussière sur les prix, en dépit de l’instabilité économique.

« Les effets de la guerre commerciale avec les États-Unis auront des effets variables d’une région à l’autre. Toutefois, le Québec peut compter sur une économie diversifiée, ce qui devrait atténuer les dommages collatéraux sur les emplois, contrairement à d’autres provinces canadiennes. Bien que la confiance des consommateurs soit inévitablement mise à l’épreuve en 2025, nous nous attendons à ce que les besoins en matière de logement soutiennent le marché immobilier résidentiel de la province », a conclu M. St-Pierre.


1Les prix médians pondérés provinciaux de Royal LePage sont basés sur un modèle pondéré utilisant les ventes dans chaque région.

2 Burson a utilisé le panel en ligne de Léger Opinion pour sonder 2 417 Canadiens âgés de 18 ans et plus entre le 2 avril 2025 et le 9 avril 2025. Aucune marge d’erreur ne peut être associée à un échantillon non probabiliste (c’est-à-dire un panel en ligne dans ce cas). À des fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 2 417 répondants aurait une marge d’erreur de ±2 %, 19 fois sur 20.