
Les taux d’intérêt peuvent influencer de façon marquée la vie financière des Canadiens. Qu’il s’agisse du coût mensuel d’une hypothèque ou du rendement d’un compte d’épargne, la plupart des taux d’intérêt remontent à un chiffre clé : le taux de financement à un jour de la Banque du Canada. Ces dernières années, ce taux de référence a dépassé les cercles financiers pour devenir un sujet plus fréquent dans les conversations de tous les jours.
Le taux à un jour est plus qu’un simple outil de politique monétaire. Il est au cœur de la façon dont la Banque du Canada gère la stabilité économique du pays, maintient l’inflation sous contrôle et soutient une croissance durable. Comprendre son fonctionnement – et son importance – est essentiel pour naviguer dans le contexte économique actuel, en particulier pour comprendre son incidence sur la capacité des Canadiens à financer l’achat de leur maison.
TABLE DES MATIÈRES
- Qu’est-ce que le taux de financement à un jour ?
- Fonctionnement du taux à un jour
- Pourquoi la Banque du Canada modifie le taux à un jour
- Le taux à un jour et la COVID-19
- Incidences concrètes pour les consommateurs
- Les taux d’intérêt et les tarifs dans l’économie actuelle
Qu’est-ce que le taux de financement à un jour ?
Le taux de financement à un jour – ou taux directeur – est le taux d’intérêt auquel les grandes institutions financières s’empruntent et se prêtent des fonds entre elles. Ces transactions sont généralement très à court terme – une seule journée (d’où l’expression « à un jour ») – et servent aux banques à gérer leurs besoins de liquidités quotidiens.
La Banque du Canada fixe une cible pour ce taux dans le cadre de sa stratégie de politique monétaire. Cette cible constitue le cœur de son taux directeur et sert de référence à pratiquement tous les autres taux d’intérêt à court terme dans l’économie. Elle influence directement le taux préférentiel fixé par les banques commerciales, lequel a un effet sur les taux des hypothèques variables, des marges de crédit, des prêts commerciaux et d’autres produits financiers.
Fonctionnement du taux à un jour
La Banque du Canada ne se contente pas d’annoncer un taux et d’attendre que les marchés s’alignent. Elle fixe une cible et opère dans un cadre appelé « fourchette opérationnelle », généralement d’un écart de 0,5 point de pourcentage. Par exemple, si la cible du taux à un jour est de 5,0 %, la limite supérieure de la fourchette est de 5,25 % et la limite inférieure est de 4,75 %.
Pour maintenir le taux effectif près de sa cible, la Banque utilise des opérations d’open market – achat et vente de titres gouvernementaux – afin de gérer la masse monétaire dans le système financier. Ces interventions permettent de garder le taux auquel les banques se prêtent entre elles aligné sur la cible.
Pourquoi la Banque du Canada modifie le taux à un jour
La principale raison pour laquelle la Banque du Canada ajuste le taux à un jour est de contrôler l’inflation et de stabiliser l’économie. Actuellement, l’objectif d’inflation de la Banque est de 2 %, avec une marge de tolérance entre 1 % et 3 %.
- Hausse du taux : Lorsque l’inflation dépasse la cible ou que l’économie est en surchauffe, la Banque augmente le taux à un jour. Cela rend l’emprunt plus coûteux et incite à l’épargne, ce qui tend à réduire les dépenses de consommation et l’investissement. En ralentissant la demande, les pressions inflationnistes s’atténuent.
- Baisse du taux : Lorsque la croissance économique est faible ou que l’inflation est inférieure à la cible, la Banque réduit le taux. Des coûts d’emprunt plus faibles encouragent les ménages et les entreprises à dépenser et à investir, ce qui stimule la croissance et aide l’inflation à revenir vers la cible.
La Banque du Canada publie huit annonces fixes par année concernant le taux directeur (deux par trimestre), à des dates prévues. Lors de ces réunions, le Conseil de direction évalue la conjoncture économique et décide de hausser, de réduire ou de maintenir le taux à un jour. Les décisions s’appuient sur une analyse approfondie de l’inflation, de la croissance du PIB, de l’emploi, des dépenses des ménages, de l’investissement des entreprises et de l’évolution de l’économie mondiale. Des ajustements peuvent également être faits en dehors des dates prévues en cas de circonstances exceptionnelles, comme pendant la crise financière de 2008 ou au début de la pandémie de COVID-19.
Le taux à un jour et la COVID-19
La pandémie de COVID-19 a marqué l’une des interventions de politique monétaire les plus importantes de l’histoire récente. Face au choc économique sans précédent de 2020, la Banque du Canada a rapidement abaissé le taux à un jour pour stimuler l’économie et atténuer l’impact financier sur les ménages et les entreprises.
Au début de la pandémie, la Banque a réduit le taux de 1,75 % à 0,25 % en quelques baisses rapides. Ce niveau a été considéré comme la « valeur plancher », au-dessous de laquelle il n’était pas possible d’aller sans perturber le fonctionnement des marchés. L’objectif : rendre le crédit aussi abordable que possible pour soutenir l’activité économique en période d’incertitude extrême.
Résultats :
- Les taux hypothécaires ont atteint des creux historiques, stimulant l’achat et le refinancement de propriétés.
- Les marges de crédit et les prêts à taux variable sont devenus beaucoup moins coûteux, offrant un répit à de nombreux ménages.
- Les prêts commerciaux ont été proposés à des taux plus avantageux, aidant les entreprises à maintenir leurs liquidités et à éviter des mises à pied.
- Les rendements des comptes d’épargne ont chuté, poussant certains investisseurs vers les actions et d’autres placements plus risqués.
Ce contexte de faibles taux a perduré pendant une grande partie de la pandémie, alimentant la demande des consommateurs et soutenant la reprise. Cependant, il a aussi contribué à la hausse des prix des actifs et préparé le terrain à des pressions inflationnistes plus marquées après la pandémie.
Incidences concrètes pour les consommateurs
Même si le taux à un jour agit en arrière-plan, ses effets sont bien réels pour les Canadiens.
Coûts d’emprunt
Les hypothèques à taux variable et les marges de crédit sont directement liées au taux préférentiel, qui évolue généralement au même rythme que le taux à un jour. Une hausse se traduit par des paiements mensuels plus élevés pour les ménages ayant des dettes à taux variable, tandis qu’une baisse procure un allègement.
Épargne et rendement des placements
Le taux à un jour influe aussi sur les rendements des comptes d’épargne, des certificats de placement garanti (CPG) et des autres produits à revenu fixe. Des taux plus élevés avantagent les épargnants, alors que des taux plus bas incitent à rechercher de meilleurs rendements dans des placements plus risqués.
Marché immobilier
Le marché de l’immobilier est particulièrement sensible aux variations des taux. Des taux plus élevés peuvent freiner la demande et modérer la hausse des prix, tandis que des taux plus bas peuvent stimuler la demande et exercer une pression à la hausse sur les prix, surtout lorsque l’offre est limitée.
Les taux d’intérêt et les tarifs dans l’économie actuelle
Le taux à un jour de la Banque du Canada se situe actuellement à 2,75 %, à la suite d’une série de baisses amorcées en 2024. Bien que ces baisses aient offert un certain répit aux emprunteurs, la Banque doit toujours composer avec le défi d’équilibrer l’inflation et de gérer l’impact économique des incertitudes commerciales mondiales.
Les consommateurs ont profité d’un crédit plus abordable, notamment pour les hypothèques variables et les prêts personnels. Cependant, l’avenir de la politique monétaire semble davantage orienté vers une stabilité relative que vers de nouvelles baisses.
En 2025, les tarifs douaniers constituent un enjeu économique majeur. Les tensions commerciales ravivées – surtout entre le Canada et les États-Unis – compliquent les perspectives de la Banque du Canada. Les nouveaux tarifs américains sur l’acier, l’aluminium et l’énergie canadiens ont entraîné des mesures de rétorsion, augmentant les coûts pour de nombreuses entreprises.
Au fil de l’année, le défi pour la Banque sera d’équilibrer les besoins économiques internes et les risques liés au commerce international, tout en maintenant l’inflation dans sa fourchette cible.