
Le 28 avril prochain, les Canadiens se rendront aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Et pour plusieurs Québécois, une chose est claire : la crise du logement ne peut plus attendre. Dans un contexte marqué par une guerre commerciale avec les États-Unis – qui alimente l’incertitude économique et accentue la pression sur le coût de la vie –, la question de l’habitation s’impose comme un enjeu électoral majeur.
Le logement, la priorité numéro un pour près d’un Québécois sur dix, et parmi les cinq enjeux clés pour plus de la moitié des électeurs
Selon un sondage Royal LePageMD mené par Burson,1 l’économie et le coût de la vie arrivent en tête des priorités pour les électeurs québécois en vue des élections fédérales du 28 avril, avec 86 % des répondants les identifiant comme des enjeux majeurs. Suivent les soins de santé (72 %), le logement (55 %), les dépenses publiques et l’impôt (51 %), le commerce international (38 %) et l’immigration (34 %). Les répondants pouvaient sélectionner plusieurs réponses. Ces résultats s’alignent sur les tendances observées à l’échelle nationale.
Fait à noter, près d’un Québécois sur 10 (9 %) considère que le logement est le dossier le plus déterminant dans leur choix électoral.
Par ailleurs, près de la moitié des adultes québécois (49 %) affirment que la position d’un parti ou d’un candidat sur les politiques liées au logement influencera leur vote. Une proportion presque équivalente (46 %) estime, à l’inverse, que cela ne changera rien à leur décision.
L’économie et le coût de la vie, la question de l’urne
Comme dans l’ensemble du pays, les Québécois continuent de placer l’économie et le coût de la vie au sommet de leurs préoccupations (34 %), ce qui reflète bien le climat actuel d’instabilité économique et de tensions commerciales.
« Il n’est pas étonnant de voir que les Canadiens soient unis dans cette élection sur les enjeux qu’ils souhaitent voir priorisés par les partis fédéraux », souligne Dominic St-Pierre, vice-président exécutif, développement des affaires, Royal LePage. « Alors que le pays est forcé de défendre son indépendance économique dans presque tous les secteurs, les Québécois aussi veulent élire un gouvernement capable de tenir tête à notre voisin du sud. Nous sommes aussi heureux de constater que le dossier du logement occupe une place de choix dans les intentions de vote. Le besoin de se loger est fondamental. Il est essentiel que le prochain gouvernement s’engage à agir rapidement pour augmenter l’offre de propriétés, ici comme ailleurs au pays. »
Des régions davantage préoccupées par le logement
Fait intéressant, la propension à voter en fonction des positions sur le logement varie fortement d’une région à l’autre. À Québec, seulement 39 % des électeurs disent que cet enjeu influencera leur vote. À Montréal, ils sont 52 % à en faire un critère de décision. C’est dans la région d’Ottawa-Gatineau que cette question pèse le plus lourd, avec un impressionnant 67 % de répondants qui s’en disent influencés. Ce résultat peut sembler paradoxal, surtout dans un marché comme celui de Québec, où les prix ont connu une croissance exceptionnelle. En effet, selon l’Étude sur le prix des maisons de Royal LePage du premier trimestre 2025, la région de Québec a enregistré le plus fort taux d’appréciation du prix de l’agrégat parmi les principaux marchés au pays au cours des quatre derniers trimestres consécutifs.
Ce que les principaux partis proposent en matière de logement
Si la question de l’accès au logement compte pour vous, voici un sommaire des plateformes électorales des principaux partis fédéraux en la matière.
Le Parti libéral affirme vouloir doubler le rythme de la construction résidentielle au cours de la prochaine décennie dans le cadre de sa stratégie à long terme pour lutter contre la crise du logement. Pour y parvenir, il prévoit d’offrir des options de financement à faible coût aux promoteurs immobiliers qui se concentrent sur la construction de logements abordables, d’encourager l’utilisation d’un catalogue de modèles de maisons préfabriquées afin d’accélérer les délais de construction et de réduire les coûts, et de supprimer la TPS pour les acheteurs d’une première maison d’une valeur maximale de 1 million de dollars.
Le Parti conservateur souhaite construire 2,3 millions de logements au cours des cinq prochaines années, grâce à une réduction des taxes sur les projets immobiliers et à des mesures incitant les municipalités à construire davantage. Un élément clé de leur plan consiste à convertir au moins 15 % des bâtiments fédéraux en logements, en réaffectant les propriétés gouvernementales sous-utilisées afin de pallier la pénurie de logements. Les conservateurs prévoient également de reporter l’impôt sur les gains en capital pour les particuliers qui réinvestissent leurs bénéfices dans des entreprises canadiennes, et de supprimer la TPS sur tous les logements locatifs neufs et les ventes de maisons dont le prix ne dépasse pas 1,3 million de dollars.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) vise à doubler le taux actuel de construction de logements au Canada en mettant l’accent sur les investissements publics. Le parti prévoit d’offrir aux acheteurs d’une première maison des prêts hypothécaires à long terme, à faible taux d’intérêt et garantis par le gouvernement, afin de réduire les obstacles à l’accès à la propriété. De plus, le NPD demande l’interdiction des acquisitions de logements locatifs abordables par les entreprises, arguant que ces acquisitions entraînent souvent des augmentations de loyer et des déplacements, et souhaite plutôt garantir que le logement reste accessible aux Canadiens à faible et moyen revenu.
Le Bloc québécois appuie le transfert inconditionnel des fonds fédéraux destinés au logement à la province de Québec. Le parti veut sévir contre la spéculation immobilière, offrir une aide financière fédérale directe aux premiers acheteurs pour leur mise de fonds, éliminer la TPS sur certains services professionnels liés à l’achat d’une maison et appuyer les initiatives de logement pour les étudiants et les personnes âgées. Le parti demande également une augmentation du financement fédéral pour lutter contre l’itinérance.
Le Parti vert affirme qu’il mettra en œuvre des réglementations plus strictes pour empêcher l’exploitation du marché immobilier par les entreprises, notamment en empêchant les entreprises d’acheter des maisons individuelles et en supprimant les avantages fiscaux accordés aux sociétés d’investissement immobilier cotées (SII). Le parti s’engage également à lancer le plus grand programme de construction de logements sociaux depuis les années 1970, en utilisant des matériaux et de la main-d’œuvre canadiens, et en garantissant que les logements financés par des fonds publics restent abordables à long terme.
Vous pouvez consulter le programme électoral complet de chaque grand parti politique ici : Parti libéral, Parti conservateur, Nouveau Parti démocratique, Bloc québécois, Parti vert.
Les Canadiens se rendront aux urnes le lundi 28 avril. Pour en savoir plus sur les modalités et les lieux de vote, consultez le site elections.ca.
1Burson a utilisé le panel en ligne de Léger Opinion pour sonder 2 417 Canadiens âgés de 18 ans et plus entre le 2 avril 2025 et le 9 avril 2025. Aucune marge d’erreur ne peut être associée à un échantillon non probabiliste (c’est-à-dire un panel en ligne dans ce cas). À des fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 2 417 répondants aurait une marge d’erreur de ±2 %, 19 fois sur 20.