Un couple de personnes âgées rit ensemble dans leur nouvelle maison

De nos jours, être propriétaire de sa résidence est un défi – et s’acquitter de sa dette hypothécaire dans son entièreté l’est encore plus, surtout quand on pense à la hausse continue des prix des propriétés, exacerbée par la demande immobilière issue de la pandémie de COVID-19 et de l’augmentation significative de la population canadienne. Mais qu’advient-il de ce statut de propriétaire, au moment d’envisager la retraite, sachant que les Canadiens quittent le marché du travail de plus en plus tard et que l’espérance de vie s’allonge?

Une liberté financière qui se redéfinit

Selon un récent sondage Royal LePage mené par Léger,1 près de trois Canadiens sur dix (29 %) qui prévoient prendre leur retraite en 2025 ou 2026 affirment qu’ils devront continuer de rembourser leur prêt hypothécaire sur leur résidence principale pendant leur retraite. Près de la moitié (45 %) affirment l’avoir déjà réglé, tandis que seuls 6 % affirment qu’ils auront payé leur dette hypothécaire avant leur départ à la retraite.

« On a longtemps considéré qu’une retraite réussie passait par l’absence de dettes, notamment hypothécaires, mais avec la montée du coût de la vie, cette aspiration est devenue plus difficile à atteindre pour plusieurs », souligne Carolyn Forget, courtier immobilier, Royal LePage Urbain à Montréal. « J’observe par ailleurs que certains propriétaires choisissent volontairement de prolonger leur prêt hypothécaire pour aider leurs enfants à accéder à la propriété. Ce soutien financier, motivé par un fort sentiment de responsabilité intergénérationnelle, peut retarder leur propre liberté financière. Mis à part une contribution strictement financière à la mise de fonds pour l’achat d’une propriété, d’autres opteront pour l’achat commun d’un multilogement pour l’habiter en famille. »

Parmi les adultes canadiens qui prévoient prendre leur retraite cette année ou l’année prochaine, 46 % affirment qu’ils réduiront la taille de leur maison dans les deux ans suivant la fin de leur emploi à temps plein, tandis que 47 % affirment qu’ils ne le feront pas.

Cette décision est très personnelle et les personnes concernées sont largement divisées sur la question, selon un récent sondage mené par Royal LePage auprès de professionnels de l’immobilier à travers le pays.2 D’après ce sondage, le Québec est la deuxième province où les retraités seraient les plus enclins à réduire la taille de leur logement (35 %), après la région des Prairies (46 %). À l’inverse, 24 % indiquent que la plupart des retraités choisissent de rester dans leur maison actuelle, une proportion qui place le Québec nez-à-nez avec l’Ontario. C’est dans ces deux provinces où cette tendance est la plus marquée au Canada. Enfin, 36 % des répondants estiment que, dans leur marché local, le nombre de personnes souhaitant déménager dans un logement plus petit est équivalent à celui de celles qui préfèrent rester dans leur maison actuelle.

Une évolution significative de l’âge moyen de la retraite au Québec qui façonne le style de vie

Signe que la retraite n’est plus un point fixe, mais plutôt un processus graduel, le Québec a connu entre 2000 et 2023 une hausse marquée de la proportion de personnes âgées de 55 ans et plus qui demeurent actives sur le marché du travail. Cette tranche d’âge dépasse désormais celle des 15 à 24 ans au sein de la population active. La croissance la plus importante a d’ailleurs été observée chez les 65 ans et plus, dont le nombre de travailleurs est passé de 29 000 à 233 000 en un peu plus de deux décennies.3 L’âge moyen de la retraite dans la province est passé de 60,5 ans en 2000 à 64,7 ans en 2023.4

« Le choix du style de vie en vue de la retraite dépend de multiples facteurs économiques, personnels et temporels », dit Mme Forget. « Ce que je remarque est qu’un nombre important de personnes qui sont à cette étape de leur vie choisissent de réduire la taille de leur résidence principale plus tôt que tard, pendant qu’ils en ont encore l’énergie et la forme physique. Pour ceux-ci, malgré un certain deuil lié au fait de quitter la demeure familiale, cette étape leur permet d’être plus libres et de voyager, comme ils ne sont plus contraints à l’entretien d’une grande maison unifamiliale. Réduire la taille de sa maison, ce n’est pas une perte, c’est un gain de liberté: moins d’entretien, moins de stress, et plus de temps pour soi. »

Parmi les courtiers qui indiquent un appétit accru des retraités pour emménager dans une résidence de plus petite taille, l’appartement en copropriété est le choix le plus populaire (58 %), suivi d’une résidence pour adultes actifs de 55 ans et plus (21 %), d’une propriété détachée (16 %) et d’une maison attachée (5 %). Les répondants ont indiqué que les trois plus importantes caractéristiques chez ceux qui font le choix de déménager dans plus petit sont l’aménagement de type plain-pied sur un seul étage (30 %), la proximité des amis et de la famille (28 %), la proximité des hôpitaux, commodités et services communautaires (25 %), les caractéristiques d’accessibilité, l’accès à un stationnement couvert (15 %), les services d’entretien payants (9 %) et l’accès à des programmes et clubs sociaux (4 %). Les répondants pouvaient choisir plus d’une réponse.

Instabilité financière et choix forces

Au-delà des considérations émotionnelles, certaines décisions immobilières sont dictées par une réalité financière de plus en plus instable.

« Pour certains, la retraite rime avec liberté et projets, mais pour d’autres, elle s’accompagne d’une certaine anxiété financière, surtout lorsque la maison représente l’essentiel de leur épargne. Obtenir un bon prix à la vente peut littéralement faire la différence entre une retraite confortable et des années plus serrées », poursuit Mme Forget.

Pour ceux dont l’hypothèque est entièrement remboursée, d’autres avenues intéressantes peuvent être envisagées.

« Plusieurs propriétaires cherchent des solutions pour optimiser la valeur de leur maison entièrement payée », ajoute-t-elle. « C’est dans ce contexte que des produits comme l’hypothèque inversée prennent tout leur sens. Lorsqu’une maison est libre d’hypothèque, elle devient un actif net, clair d’impôt, que le propriétaire peut utiliser comme levier financier. Plutôt que de vendre, on peut emprunter sur cette valeur nette pour générer des revenus, tout en conservant sa propriété. Bien sûr, je recommande aux personnes qui considèrent cette démarche d’évaluer toutes leurs options avec leur conseiller financier et leur représentant hypothécaire. »

Un accompagnement stratégique à ne pas négliger

Dans un tel contexte, les décisions entourant le maintien ou la vente d’une propriété ne sont pas anodines. Chaque situation est unique et mérite une planification adaptée.

« Qu’ils choisissent de rester dans leur maison ou de déménager, les propriétaires qui approchent la retraite ont tout à gagner à amorcer cette transition avec des courtiers d’expérience. Nous comprenons les enjeux financiers et émotionnels propres à cette étape de vie. Chaque jour, nous accompagnons nos clients pour qu’ils prennent des décisions éclairées, durables », conclut Mme Forget.

 

1Un sondage en ligne a été mené auprès de 1 626 Canadiens âgés de 18 ans et plus entre le 2 et le 4 mai 2025, à l’aide du panel en ligne de Léger. Le panel en ligne de Léger compte environ 400 000 membres à l’échelle nationale et affiche un taux de rétention de 90 %. Un échantillon probabiliste de même taille donnerait une marge d’erreur de +/- 2,4 %, 19 fois sur 20.

2Sondage interne réalisé auprès de 55 courtiers immobiliers Royal LePage dans la province de Québec entre le 7 et le 14 mai 2025.

3Statistique Québec, Données sur la population active, dernière mise à jour en octobre 2024

4Statistique Québec, Âge à la prise de la retraite, dernière mise à jour en septembre 2024