Une femme en pull gris lisant des documents financiers sur une table basse.

Il y a à peine un an, certains économistes prédisaient une vague de défauts de paiement hypothécaires alors que des centaines de milliers de Canadiens s’apprêtaient à renouveler leur prêt à un taux plus élevé. Face à une inflation persistante et à une montée rapide des coûts d’emprunt, le spectre d’un marché immobilier sous pression planait sur le pays. Depuis juin 2024, la Banque du Canada a réduit son taux directeur à six reprises, ce qui a contribué à relâcher une certaine pression sur les emprunteurs. Toutefois, les taux hypothécaires demeurent bien supérieurs aux niveaux prépandémiques, et plusieurs ménages doivent encore ajuster leur budget. Dans ce contexte, les propriétaires québécois semblent, en moyenne, moins inquiets quant aux répercussions de leur renouvellement hypothécaire.

Selon un récent sondage de Royal LePage, mené par Hill & Knowlton,1 51 % des propriétaires Québécois dont l’hypothèque sera renouvelée en 2025 s’attendent à ce que leurs mensualités augmentent lors du renouvellement (31 % s’attendent à une légère augmentation et 20 % à une augmentation importante). Il s’agit du taux le plus bas parmi les provinces du Canada.

Des conséquences économiques moins considérables pour les ménages québécois

Parmi les Québécois qui anticipent une augmentation des mensualités, 73 % (81 % au Canada) déclarent que cette augmentation entraînera des difficultés financières pour leur ménage – la plus faible proportion au pays – dont 26 % qui affirment que cette charge financière sera significative (contre 34 % au Canada).

« L’économie du Québec est parmi les plus diversifiées au Canada, et par conséquent, les emplois aussi, ce qui contribue à soutenir la stabilité financière des ménages, surtout dans des périodes d’incertitude mondiale. Combiné à des valeurs de propriétés encore relativement abordables par rapport à d’autres provinces, cela explique pourquoi les Québécois sont moins anxieux par rapport à une hausse de leurs mensualités hypothécaires lors de leur renouvellement cette année par rapport à leurs homologues canadiens », a déclaré Marc Lefrançois, courtier immobilier, Royal LePage Tendance à Montréal.

Les Québécois ne sont pas prêts à modifier leur situation en matière de logement ou à compromettre des voyages ou vacances

Parmi tous les Québécois pour qui la hausse des paiements hypothécaire engendrera des difficultés financières, 70 % comptent diminuer leurs dépenses discrétionnaires pour y pallier, soit la plus forte proportion au pays. Les Québécois sont toutefois les moins enclins à changer leurs plans de voyage/vacances (29% contre 43% des Canadiens). Les répondants pouvaient sélectionner plus d’une réponse.

Par ailleurs, le sondage révèle que près de quatre répondants sur cinq (78 %) dans la province disent qu’ils n’envisagent pas de changer leurs conditions de logement pour éviter des coûts hypothécaires mensuels potentiellement plus élevés.

« Au cours des derniers mois, plusieurs économistes ont mis en garde contre un risque élevé de défaut de paiement hypothécaire, laissant entrevoir un choc important sur le marché immobilier canadien. Cependant, les données actuelles suggèrent que la proportion de propriétaires réellement vulnérables à une augmentation de leurs paiements mensuels pourrait être moins importante que prévu. De plus, dans un contexte économique mondial incertain, la Banque du Canada se montre plus encline à soutenir l’économie canadienne qu’à lutter contre l’inflation qui pourrait résulter d’une guerre commerciale avec nos voisins du sud. Nous pouvons donc nous attendre à ce que les acheteurs de propriétés et les propriétaires actuels aient encore plus de répit dans les mois à venir, si la tendance à la baisse des taux d’emprunt se poursuit », souligne M. Lefrançois.

M. Lefrançois observe qu’à ce jour, malgré l’instabilité politique et économique, les renouvellements hypothécaires ne suscitent pas d’inquiétude majeure sur le marché et que les Québécois restent résilients quant à leurs conditions de logement, ajoutant qu’un certain empressement est présent chez les acheteurs, avec les offres multiples qui redeviennent d’actualité en ce début d’année.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le taux de défaillance hypothécaire dans la province de Québec s’est maintenu à 0,17 % au troisième trimestre de 2024, un taux qui n’a pas fluctué pendant trois trimestres consécutifs et qui demeure bien en deçà des moyennes historiques.2

Taux fixe ou taux variable?

Le sondage révèle aussi que 78 % des Québécois dont l’hypothèque sera renouvelée cette année détiennent actuellement une hypothèque à taux fixe, tandis que 21 % ont un taux variable. Lorsqu’on leur demande quel type d’hypothèque ils prévoient obtenir lors du renouvellement, 63 % disent qu’ils opteront pour un prêt à taux fixe, tandis que 31 % disent qu’ils choisiront une hypothèque à taux variable. Les personnes interrogées dans cette région étaient parmi les plus susceptibles de déclarer qu’elles prévoyaient d’obtenir un prêt hypothécaire à taux variable lors du renouvellement. Trente-deux pour cent de tous les répondants de la province disent qu’ils prévoient obtenir une hypothèque d’une durée de cinq ans lors du renouvellement, suivis par 23 % qui prévoient signer pour une durée de deux ans.

« Les propriétaires québécois qui approchent du renouvellement de leur prêt hypothécaire adoptent cette année une approche plus stratégique et réfléchissent à la manière d’optimiser leurs conditions d’emprunt en réponse à l’évolution des taux d’intérêt », a déclaré Sean Broady, courtier immobilier chez Royal LePage Elite dans l’ouest de l’île de Montréal. « Avec des taux fixes et variables actuellement compris entre 4,6 % et 4,7 %, selon la durée du terme, et des taux variables qui devraient encore baisser à mesure que la Banque du Canada prendra des dispositions pour stimuler l’économie, de plus en plus d’emprunteurs envisagent des prêts hypothécaires à taux fixe à plus court terme ou optent pour des taux variables afin de profiter d’éventuelles baisses de taux à l’avenir. Bien que l’hypothèque à taux fixe sur cinq ans reste un produit de base, nous constatons un intérêt accru pour les durées de deux et trois ans, qui permettent aux propriétaires de rester flexibles dans un climat économique incertain. »

Pas de répit à Québec: la pénurie d’inventaire prend le dessus sur les questions de renouvellements hypothécaires

Pendant ce temps, dans la ville de Québec, marché immobilier résidentiel qui a connu la plus forte augmentation du prix de l’agrégat d’une propriété tout au long de 2024 dans la province de Québec et parmi les grandes régions du Canada,3 les renouvellements hypothécaires ne sont pas un sujet de conversation.

« Les renouvellements d’hypothèques ne semblent pas être une préoccupation majeure pour les propriétaires de la région de Québec », déclare Louis Belzile, courtier immobilier chez Royal LePage Blanc & Noir. « Le plus grand objet d’inquiétude sur le marché concerne davantage les acheteurs qui craignent de ne pas trouver de propriété en raison de la faible offre, ou de voir les prix continuer d’augmenter. En 2024, la région de Québec a connu l’un des taux d’appréciation des prix les plus élevés au Canada, et le début de l’année 2025 signale une demande immobilière plus forte que l’année dernière, amplifiée par la baisse du taux directeur le 29 janvier.

Il ajoute: « La hausse continue des prix et de la demande sécurise quelque peu les vendeurs qui devront faire face à des augmentations de leurs mensualités lors du renouvellement de leur prêt hypothécaire. Alors que le marché de la revente est confronté à une grave pénurie d’offre de logements à Québec, le marché locatif peut encore absorber une partie de la demande, même si le taux d’inoccupation reste historiquement bas », ajoute-t-il. « Pour les acheteurs, cette dynamique signifie qu’ils devront être encore plus réactifs et bien préparés financièrement pour saisir les opportunités lorsqu’elles se présenteront. »

Des données supplémentaires pour la province de Québec, ainsi que pour Montréal, Québec et la région d’Ottawa/Gatineau sont disponibles dans le tableau ci-dessous.

Ressources de Royal LePage pour les propriétaires qui renouvellent leur hypothèque :

Vous renouvelez votre hypothèque cette année ? Royal LePage a publié un certain nombre de ressources en ligne disponibles sur les liens suivants :


Hill & Knowlton a utilisé le panel en ligne Léger Opinion pour sonder 1 340 Canadiens âgés de 18 ans et plus qui renouvelleront leur hypothèque en 2025. Le sondage a été réalisé entre le 24 janvier et le 5 février 2025. Voir la méthodologie pour plus d’informations.

2 Taux de prêts hypothécaires en souffrance, Canada, provinces et RMR, 23 décembre 2024, December 23, 2024

3 Étude sur le prix des maisons du 4e trimestre 2024, Royal LePage, January 14, 2025